La Suisse et le CIO / Switzerland and the IOC

L’ouverture d’une procédure de révocation contre le procureur général de la Confédération suisse en raison de ses liens avec la FIFA (le mercredi 20 mai 2020) a mis sous le feu des projecteurs les relations bilatérales complexes qu’entretiennent les organisations sportives internationales et le pays qui les abrite.

Découvrez mon article sur le sujet dans le numéro 49 de la revue Sport et Citoyenneté:

 

The opening of a revocation procedure against the Swiss Attorney General because of links with FIFA ( Wednesday 20th May 2020 ) has brought into sharp relief the complex bilateral relationships between sporting organisations and the countries where they are based.

Find my article in issue n. 49 of the journal Sport and Citizenship:

La campagne du Démocrate et du Pays en faveur de la construction de la patinoire de Porrentruy (1972)

Dans Le Démocrate du 22 juin 1972, le rédacteur en chef Charles-René Beuchat, sous le pseudonyme de « Pinocchio », se félicite du travail effectué par les journalistes jurassiens en vue de la construction d’une patinoire à Porrentruy : « En apprenant que le projet de patinoire ajoulote et couverte du Voyeboeuf allait être réalisé, la rédaction […] a éprouvé un sentiment de fierté. Cette patinoire est un peu son œuvre […]. » Depuis des mois, les rédactions des deux quotidiens de la région – Le Démocrate, libéral-radical, à Delémont, et Le Pays, catholique-conservateur et séparatiste, à Porrentruy – avaient allié leurs forces pour soutenir le projet de patinoire couverte au lieu-dit le Voyeboeuf, publiant chacun plus de deux mille lignes sur le sujet. Dans une période où le Jura achève une nouvelle étape de son processus d’autodétermination, cet intérêt des journaux pour un tel projet questionne à la fois le rôle de la presse locale dans la vie politique d’une région, mais aussi celui du sport dans les colonnes de ces quotidiens.

Les questions qui ont guidé ce travail sont les suivantes : pourquoi et comment la presse locale s’est-elle saisie du projet de la patinoire de Porrentruy et comment l’a-t-elle traité dans ses colonnes durant la campagne de souscription d’actions, soit entre mars et juin 1972 ? De quels stratagèmes a-t-elle usé pour convaincre la population, mais aussi l’industrie régionale ? Comment cet exemple permet-il de mieux comprendre les liens qui unissent une petite région et sa presse ?

La presse jurassienne a ainsi participé à ériger le sport en un objet politique pour la région

Ce qui ressort aussi de cette courte analyse, c’est le poids très important de l’industrie régionale – et de son réseau politique – non seulement dans la route vers la construction de la patinoire, mais également dans la campagne de presse qui l’a accompagnée. Sans cesse sa responsabilité sociale y est rappelée, plus encore que celle des pouvoirs publics. Cela reflète certes la position de certains industriels dans ces tractations et avant tout celle de son instigateur, Charly Corbat, qui a donné le ton de la campagne. Mais elle dit aussi quelque chose des représentations des journalistes concernés et des rédactions, et des enjeux politiques locaux qui se trouvent au cœur de ces processus. En effet, durant toute cette campagne, les articles au sujet de la patinoire n’ont pas été publiés dans les rubriques sportives des journaux mais ont été placés au cœur de l’actualité bruntrutaine et régionale. Paradoxalement, malgré son entreprise visant à dépolitiser le dossier de la patinoire, la presse jurassienne a ainsi participé à ériger le sport en un objet politique pour la région.

Article complet: https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_63DEE6B60A30

Diplomatie suisse et chronométrage sportif (1964-1970)

En 2019, j’ai publié dans la revue Relations internationales un article intitulé « « Une question de prestige dans le domaine international de l’industrie horlogère ». Diplomatie suisse et chronométrage sportif (1964-1970) ».

Ici le lien vers l’article sur le site de la revue (disponible en français et en anglais): https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2019-1-page-129.htm

En Open Access sur le dépôt institutionnel numérique de l’Université de Lausanne: https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_67D662A20E52

Résumé:
Après la Seconde Guerre mondiale, l’intensification de la concurrence entre les entreprises horlogères les conduit notamment à investir dans le domaine du chronométrage sportif à des fins publicitaires. Ainsi, à partir des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, l’entreprise japonaise Seiko va peu à peu mettre à mal le monopole suisse du chronométrage des compétitions internationales sportives que se partageaient jusqu’alors Omega et Longines, soutenus par les appuis dont ils disposaient dans les organisations sportives internationales. En réaction, le président de la Fédération horlogère suisse, Gérard Bauer, sollicite ses réseaux au sein de la diplomatie helvétique afin de défendre l’industrie horlogère suisse. Cette contribution retrace ainsi l’histoire d’une rivalité entre entreprises suisses doublée d’une compétition internationale dans le domaine du chronométrage sportif.

CIO, les seigneurs des anneaux dans la tourmente

En 1998 éclate le scandale de l’attribution des JO à Salt Lake City. L’existence même du CIO est menacée. Il faut dire que, en près de vingt ans, à coups de droits télévisés et de sponsoring, le sport international s’est mué en un terrain de jeu furieusement lucratif. Un « âge d’or de la corruption ». Il va falloir se réformer, et vite. Mais à quel point?

Retrouvez l’intégralité de mon article dans L’Humanité Dimanche ici: https://applicationspub.unil.ch/interpub/noauth/php/Un/UnPers.php?PerNum=1110735&LanCode=37&menu=pub

L’influence des frères Mayer au sein du CIO (1946-1968)

Existe-t-il en Suisse, dans l’après-guerre, une diplomatie culturelle liée au sport ? Cet article aborde cette question en retraçant, par une approche en termes de biographie, le parcours de deux frères suisses au sein du Comité international olympique. S’attardant sur les enjeux commerciaux et diplomatiques, il démontre comment Albert et Otto Mayer ont usé de leur influence entre 1946 et 1968 afin de prendre le pouvoir administratif sur l’institution olympique et de servir des intérêts privés. Par leurs interactions avec la diplomatie des États et l’industrie horlogère suisse, ils ont posé les bases de ce qui devient, dès le début des années 1980, un élément important de la politique étrangère suisse: les liens constants de la Confédération avec les organisations internationales sportives présentes sur son territoire.

Article complet: https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_F04F3B481577

Diplomatie suisse, neutralité et sport (1919-1981)

Cette thèse en cours vise à comprendre quels sont les liens entre le sport et la diplomatie en Suisse des années 1920 aux années 1980. En cela, elle se nourrit de la littérature scientifique existante au sujet des relations internationales et de la diplomatie culturelle suisses, mais également des intérêts économiques et commerciaux servis par la politique étrangère helvétique, ou encore de l’histoire du sport suisse. De plus, elle accorde une place considérable aux travaux démontrant l’existence d’une diplomatie propre au monde du sport international, en partie indépendante de celles des Etats, mais néanmoins percutée par elles.

Les utilisations de la notion de neutralité prêtée au sport par les acteurs de cette diplomatie servent de fil rouge à cette recherche. En effet, en Suisse, tant les autorités publiques que le mouvement sportif ont de longue date fait converger dans leurs discours la neutralité diplomatique de la Confédération et la culture d’apolitisime revendiquée par les organisations sportives internationales à partir de leur création entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Cette rhétorique est d’ailleurs largement mobilisée dans les périodes diplomatiquement plus sensibles.

Inscrite dans la longue durée et articulée autour de moments historiques

Délibérément inscrite dans la longue durée et articulée autour de moments historiques, cette thèse débute dans l’entre-deux-guerres et démontre comment la diplomatie suisse s’est alors saisie du sport pour la défense de l’image du pays et celle d’intérêts économiques, toutes deux liées au tourisme. Elle met également en lumière lerôle de la Suisse et des Suisses, durant les premières années de la Seconde Guerre mondiale, dans la poursuite des relations internationales sportives, alors gérées par le Département militaire au sein de l’administration fédérale, puis dans la reprise de ces échanges dans l’après-guerre. Différents enjeux diplomatiques sont ensuite abordés : ceux liés au commerce, dans le cas du chronométrage sportif des compétitions internationales par exemple ; ou les enjeux juridiques et les longs débats au sein de l’administration fédérale en lien avec l’octroi d’un nouveau statut juridique au Comité international olympique (CIO), basé à Lausanne depuis 1915, garant de nouvelles facilitées. Ce dernier épisode va ainsi lier durablement le CIO au Département des affaires étrangères de la Confédération helvétique, dont il relève aujourd’hui.

Pour mener à bien ce travail, des sources variées sont mobilisées, issues de fonds privés, des archives d’organisations sportives suisses ou de fédérations sportives internationales. Ce sont toutefois les archives fédérales et celles du CIO qui en constituent le matériel principal.